L'ARTISTE CAROLE THÉRIAULT


 

Mon intérêt pour la sculpture a débuté à l’âge de 17 ans, à l’École de sculpture de Saint-Jean-Port-Joli. Par la suite, j’ai suivi une formation en bijouterie et en gemmologie à Québec, puis j’ai bifurqué vers une carrière en soins infirmiers. Cette voie m’a amenée à travailler en Suisse, à Genève, où je me suis spécialisée en psychiatrie et en art-thérapie.

 

Parallèlement à ce parcours, j’ai cultivé en moi un intérêt constant pour l’art, la sculpture et la création. J’ai réalisé mes premières œuvres dans l’espace restreint de mon balcon. Puis j’ai partagé un atelier avec des collègues de l’École des beaux-arts d’Annemasse où j’ai suivi des cours de sculpture de techniques mixtes. En 2019, je suis revenue au Québec, marquée par une série d’événements qui m’ont ramenée à la sculpture.

Mon projet aujourd’hui est de créer un ensemble d’œuvres en lien avec la thématique de la récupération en travaillant des matériaux usés par le temps tels que le fer rouillé et le bois de grève. J’utilise la technique par assemblage avec différentes colles et de la peinture acrylique en aérosol et parfois j'ajoute des brillants et différentes pièces hétéroclites de récupération. Mon intention est de trouver un équilibre entre les différents éléments pour apporter d’abord et avant tout une esthétique de la matière comme sens à mon œuvre.

 

Ma démarche artistique s’articule autour du processus de création. Comme un mouvement intérieur, la création est ce lien intime qui m’unit au monde. C’est une prière pour sublimer la réalité quand l’esprit, occupé à chercher inlassablement les mots, ne peut raconter par quelle magie le temps s’approprie le tout. Je sculpte pour donner un sens à ce dilemme entre soi et le monde, épreuve perpétuelle pour conjurer le néant. Sculpter devient alors un geste de provocation, un besoin vital de m’extirper du réel pour me sentir exister autrement. 

 

Ainsi, je joue avec la matière façonnée par l’homme, qui se forme et se déforme, en se dévoilant dans sa finitude. Morceaux glanés çà et là, au gré des marées, que la nature abandonne, marque profonde de la transcendance de la vie. Comme un rituel, j’amasse les pièces de fer rouillé, les bois tordus sur la grève pour une improbable quête aventureuse. Et toute cette matière inerte, portant les stigmates du temps, reprend vie dans mon imagination et dans l’espace de mon atelier. Cette démarche d’assembler pièce par pièce, comme une danse subtile entre les formes, entre les éléments pour trouver le point d’équilibre parfait, est l’essence de mon travail et ma source d’inspiration. Là est le sublime de l’acte de création, la beauté de ce qui est et advient dans le temps présent.